La douleur de l'accouchement : une initiation?
« Tu enfanteras dans la douleur » dit la bible. Il y a qq années ces mots me revoltaient, j'ai choisi le traitement de la douleur comme sujet de thèse en me centrant sur la psychologie des médecins et en recherchant les facteurs qui freinent ou favorisent leur prescription d'antalgiques. Mais pourquoi souffrir alors que des médicaments peuvent stopper la douleur? Bien entendu lors de ma 1ere grossesse j'ai choisi d'accoucher avec péridurale! L'anesthésie a très bien fonctionné, tellement bien que j'ai eu la sensation de ne pas avoir vraiment mis mon fils au monde, un sentiment d'echec qui a rendu mon passage à l'état de mère difficile... Pour la 2de grossesse j'ai tenu absolument à accoucher naturellement (pas facile avec la politique médicale actuelle) et l'expérience m'a transformée.
Je viens de mettre au monde mon 3eme trésor et il me semble pouvoir faire un rapprochement entre l'accouchement et certaines sessions que j'ai pu vivre avec l'ayahuasca. En effet gérer une douleur intense (celle de l'accouchement viendrait en 2d après la douleur de l'amputation...) c'est vraiment une expérience unique qui s'accompagne d'un état modifié de conscience, on passe par différentes phases psychologiques semblables à ce qu'on peut vivre avec la liane: « mais pourquoi j'ai voulu ça??? », « si j'en réchappe, je ne le referai plus jamais », peur de mourir, explosion du mental (la sage femme a du me ramener dans la réallité pour que je continue à pousser, je ne l'entendais plus, je suis complètement partie à un moment...), état de choc, extase...
Allez, je me lance dans un petit PR (partum report):
Les contractions commencent et s'intensifient rapidement, je gère avec une technique de respiration associée à un mouvement de rentrée du ventre (ça marche super bien). J'utilise aussi un gros ballon qui permet de faire onduler le bassin et aide la progression du bébé. Je peux discuter avec mon chéri entre deux contractions. Au bout d'une heure et demi les contractions sont à leur intensité maximum, je me dis que ça va aller et me rassure en pensant que je suis presque au bout (mes 2 premiers enfants sont nés rapidement, alors le 3ème ça va etre du gateau!). A ce stade je suis encore très sure de moi, certaine de pouvoir gérer. Je rentre dans un bain chaud et me relaxe entre 2 contractions, la chaleur atténue bien la douleur.
Voilà je sens que le moment de pousser est arrivé. Dur dur de sortir du bain avec cette douleur. Ma confiance commence à m'abandonner, je subis la douleur plus que je ne la gère, vivement la fin. Une contraction arrive, je m'accroche au cou de mon homme qui doit déguster au niveau des cervicales (désolée mon chéri)... La douleur est d'autant plus intense que je ne peux plus m'aider de la fameuse technique puisque je dois bouger pour m'installer, aie aie aie! Mais je me rassure encore en me disant que la poussée va me soulager.
Je vais bientôt voir mon bébé, il me tarde!!!
Les dernières contractions sont terribles, je les supporte tout juste dans cette position inconfortable (pieds dans les étriers). La voix de la sage femme me guide, elle m'indique exactement comment je dois pousser. Mon Dieu que ça fait mal ! Rien à voir avec ma précédente expérience... J'ai l'impression que mes entrailles se déchirent et j'ai très peur: peur d'etre blessée, peur de ne pas y arriver. J'ai confiance en la sage femme, elle ne m'encouragerait pas à pousser en cas de déchirure. Quel effort, quelle énergie je dois fourrnir, je ne sais pas si je vais y arriver, seule la pensée de mon bébé coincé entre mon ventre et le monde extérieur me permet de trouver encore des ressources. « Il faut encore pousser, la tete va sortir! », je supplie que ça finisse car je n'en peux plus. Je pousse de toutes mes forces malgré la douleur qui déchire ma chair. Tout à coup je pars très loin, là où tout est sans couleur, sans odeur, sans bruit. de loin j'entends la voix qui me ramène à la réallité, elle crie : « allez, encore une fois pour dégager les épaules », c'est terrible à quel point ça fait mal mais je pousse encore de toutes mes forces. « tu peux attraper ton bébé ». alors je regarde entre mes jambes: je vois une petite tete et des épaules. Je glisse mes mains sous ses bras et je tire mon bébé vers moi. Je sens le reste de son corps sortir de moi, bizarre les sensations et le vide que ça laisse après la souffrance... Voir ce petit etre que j'attends depuis si longtemps me transporte, j'oublie en un instant tout le reste pour comtempler ma petite merveille... moment très intense, je me rappelle alors qu'il y a un papa à coté de moi et nos regards se croisent :slove4:
PArtenaires